Née sous X, Marie- Adélaïde est une jeune femme révoltée. Vive, brillante, surdouée même, elle porte un regard impertinent et piquant sur le monde qui l’entoure.
Son moyen de survie : une carapace dans laquelle elle enfouit tous ses ressentis et des griffes acérées pour attaquer tous ceux qui la regardent de trop près. Ce sera une femme dans une boite de nuit qui, malheureusement pour elle, est juive – cela lui vaudra 6 mois de prison ferme -, les clients de la boulangerie où elle travaille ou encore les invités de la famille où elle est la nounou.
Son moteur de vie est la colère – et il y a de quoi- jusqu’au jour où, de coïncidences en coïncidences, elle retrouve Sa mère. La rencontre ne sera pas longue. Espérons qu’à 28 ans, elle puisse appréhender différemment la vie. Nul ne le sait, c’est là que se termine le roman.
Notre avis :
- Si Marie-Adélaïde est très attachante de par son vécu et la souffrance qu’elle porte en elle, la narration cousue de fil blanc nous a un peu déçues. Où est l’écrivaine géniale de Bilqiss ?
- Si différents visages de la société sont bien présentés (la Sublime parisienne que nous vous laissons découvrir, la musulmane qui travaille à la Miche dorée avec elle, Kay le paumé qui malgré tous ses efforts n’arrivera jamais à percer,…), nous pourrions toutefois regretter le côté cliché et stéréotypé des personnages. A moins que ce soit la colère de Marie-Adélaïde qui lui ôte toute nuance ?
- Et si, malgré toutes ces critiques, on pouvait dire que ce livre se lit facilement , que l’humour de Saphia Azzeddine est décapant et que ce roman aborde de nombreuses problématiques de la société urbaine contemporaine ? A chacune de mettre ces différentes dimensions dans la balance du coup de cœur ou du coup de gueule.
Je balaye la salle en laissant trainer mes oreilles du coté de la table VIP. Elles grignotent, bavassent, raclent le trop- plein de mayonnaise du sandwich, affichent une mine écœurée à chaque bouchée et se prennent en pouffant. Ce qui les fait rire ? Etre ici, semble-t-il. Déjeuner à la Miche Dorée. Bouffer de la merde et le raconter à leurs abonnés avec des hashtags qui soulignent leur autodérision. C’est mon quotidien de travail, c’est ma vie dont elles se moquent avec leurs selfies mis en ligne aussitôt avec une émoticone épouvantée en renfort. C’est pour ça que je déteste ces filles mais ça ne me dérangerait pas d’être elles quand même.

« Sa mère » – Saphia Azzeddine – www.plaisirsdelire.be