Si la culture japonaise vous fascine ou que vous souhaitez l’approcher, vous ne pouvez manquer de lire cet été ces petites perles poétiques que sont les livres de Aki Shimazaki.
Je termine aujourd’hui Le poids des secrets, une des deux pentalogies de cette auteure japonaise qui vit aujourd’hui au Québec et écrit en langue française. Gâtez-vous, achetez ce coffret d’une très belle esthétique paru chez Babel et lisez chaque jour un de ces cinq récits croisés. Vous plongerez dans l’atmosphère et l’esprit du Japon contemporain, imprégné de ses traditions et de son histoire du XXe.
Pas de longueurs inutiles, des phrases courtes et des mots simples. Par son style épuré, Aki Shimazaki relate le vécu d’une famille, tantôt à travers la voix de la grand-mère ou de la petite-fille, tantôt de la fille, du père ou encore du demi-frère. Grâce à ces différents éclairages, la réalité – jamais extérieure – se révèle plutôt par des touches de vérités personnelles qui se croisent, se recoupent et parfois s’opposent. Le lecteur a le privilège de les découvrir au fil des récits pour… comprendre qu’une vie ne se lit pas dans son individualité, mais plutôt dans une globalité familiale et collective. Les secrets, parfois lourds, se dévoilent progressivement.
A travers l’histoire d’un cercle familial et de ses différents membres, l’auteure nous raconte ainsi l’histoire du Japon : les tremblements de terre fréquents, sa relation à la Corée, la deuxième guerre mondiale et les « deux bombes », le culte des ancêtres et le rapport des Japonais à la nature et à la religion.
J’ai aimé dans cette pentalogie :
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l’importance de la systémique des relations humaines
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l’écoute de la nature et le langage des fleurs ( titres de chacun des 5 romans)
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le style dépouillé de l’écriture qui fait penser à un haiku
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l’inscription des récits dans l’histoire japonaise (versus l’histoire que nous avons apprise à l’école en bon Européen)
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la lecture 1 jour/1 roman étalée sur une petite semaine
Je marche quelques pas derrière ma mère pour aller à l’église. Je vois sa jupe évasée s’agitant au rythme de sa marche et de ses longs cheveux noirs. Les couleurs des fleurs d’hortensia. Le bruit de la pluie qui tombe sur le parapluie de papier huilé. Les escargots. La barbe noire de l’homme étranger. La silhouette de la petite fille s’éloignant avec son père. Et le bruit du coquillage.
Obachan n’aime pas ces nuages typiques de l’été. Je crois qu’ils évoquent en elle l’image du kinokogumo. Elle et mon père ont été victimes de la bombe atomique qui est tombée sur Nagasaki. Ils ont échappé à la mort par miracle. Ces jours-ci, je l’entends murmurer : « voici venir la cinquième année depuis lors. Je n’avais jamais espéré vivre si longtemps…
Je vous conseille la deuxième pentalogie de la même auteure Au cœur du Yamato où sont abordés entr’autres le monde du travail et l’emprise de l’organisation sur ses employés. Toujours à travers différentes voix.
Une autre très belle manière d’aborder cette culture complexe et passionnante.

Aki Shimazaki