Quelle femme, Aliénor d’Aquitaine ! Deux fois reine, femme moderne, féministe avant l’heure, insoumise et rebelle, poétesse et amoureuse des arts, muse de nombreux troubadours, Aliénor est une figure emblématique de la féminité au Moyen-Age. Elle a joué un rôle clé dans la vie politique du XIIe siècle et s’est battue toute sa vie pour conserver la mainmise sur ses terres d’Aquitaine. Passionnée et passionnante, Aliénor inspire encore aujourd’hui les écrivains dont Clara Dupont-Monod qui lui a consacré deux romans Le Roi disait que j’étais le diable et La révolte.
Aliénor, la femme qui voulut être roi, échoua et devint bien plus encore.
Après avoir raconté la jeunesse française d’Aliénor et son mariage avec le Roi de France dans Le Roi disait que j’étais le diable sorti en 2014, l’auteur s’intéresse ici à la période anglaise de la vie de cette femme qui s’est assise sur les deux trônes les plus puissants de l’Europe médiévale. C’est Richard Cœur de Lion, sans doute son fils préféré, qui prend la parole la plupart du temps et qui nous emmène au cœur de la révolte imaginée par Aliénor contre son mari, Henri Plantagenêt. Trahie par cet homme qui lui avait tant promis, écartée du pouvoir par ce Roi d’Angleterre qui ne pouvait partager sa puissance, elle appelle ses fils pour renverser « le Plantagenêt ».
En réalité, parce qu’ils se ressemblent trop, parce qu’ils se valent,
ils deviendront ennemis mortels.
J’ai aimé :
- retrouver dans ce roman l’esprit chevaleresque, l’atmosphère du Moyen-Age, le souffle épique de cette période de conquêtes, d’alliances, de batailles, qui me rappellent ces légendes arthuriennes que j’ai dévorées plus jeune et que j’adore toujours autant.
- Continuer à découvrir la personnalité fascinante d’Aliénor, héroïne hors du commun, stratège politique, femme ambitieuse et tenace, mécène éprise de littérature.
- La note au lecteur écrite par Clara Dupont-Monod pour justifier sa démarche littéraire et les libertés qu’elle a prises avec les faits historiques : On aurait tort d’opposer la mécanique du roman et celle de l’historien, tant les deux sont complémentaires. Pari réussi, l’auteur jongle à merveille avec l’Histoire et la littérature, comblent les blancs en y insérant inventivité, couleurs, pensées imaginées. Un vrai roman historique !
« Alors lui vient une autre idée : s’emparer de l’histoire de cet Arthur… Et clamer que la royauté anglaise descend d’Arthur. Les poètes jubilent. Ils fabriquent une légende. Et ma mère auréole le pouvoir de magie. Pour dissiper les soupçons, elle a donc l’intelligence de mettre le talent des poètes au service de son mari. »
Combien de fois l’ai-je entendue, lors des veillées, inviter les troubadours, leur disant : « Chantez-moi ce qui n’existe pas » car seule la littérature peut inverser le sort, le temps d’un poème.

La révolte – Clara Dupont-Monod