Au lendemain du changement d’ère nippone suite à l’abdication de l’Empereur, quoi de mieux que la littérature pour compléter notre découverte de ce pays complexe aujourd’hui au cœur de l’actualité ?
Keiichiro Hirano, est un auteur contemporain très réputé au Japon. Tout jeune, il a déjà été récompensé par un prix littéraire japonais prestigieux et ses œuvres sont traduites en français depuis 1998. Invité à la dernière Foire du Livre de Bruxelles, il a donné des conférences où son érudition et sa connaissance de la culture francophone en ont épaté plus d’un.
Son dernier roman Compléter les blancs ( 2012) à avoir été traduit en français en 2017 aborde un sujet noir de la problématique contemporaine du Japon : le suicide. Grave, le thème est toutefois présenté de façon insolite puisque Tetsuo revient auprès des siens trois ans après son geste fatal. Compléter les blancs afin de comprendre son acte, retisser peu à peu le fil de sa vie, tel est l’objet de sa quête.
Le deuil des proches et la stigmatisation de la famille qui n’a pu entendre à temps la détresse du disparu sont, avec le vieillissement de la population nippone ou encore la pression professionnelle, autant de sujets abordés de façon originale dans ce roman qui peut aussi se lire comme un thriller fantastique.
J’ai aimé
- le regard humain et critique posé par un Japonais sur sa propre société. Preuve que le Japon bouge et commence à remettre en question son mode de vie contemporain.
- l’analyse des relations humaines en circonstances de deuil et l apprentissage de la communication dans le couple
- le sujet abordé de l’équilibre entre vie professionnelle, familiale et personnelle. Problématique universelle, et sans doute propre aux sociétés ultramodernisées. À ce propos, Hirano propose un regard nouveau sur la définition de l’individu qui n est pas si unifié qu’on le pense. Selon lui, par ce biais de la multiplicité, l’humain peut trouver une voie de réconciliation entre les différentes sphères de sa vie. Je vous laisse découvrir sa thèse.
‘La fatigue ressemble à une drogue. … Je trouvais une consolation dans le fait de me surmener. Comme ça, je n avais pas le temps de ressentir l angoisse…. Ce sentiment d épuisement, au moins, était réel, je ne pouvais pas en douter. Je me sentais enfin vivre. Et puis il me semblait que si je travaillais à ce point, je pouvais être fier de moi et m autoriser à être heureux….Je voulais croire qu’être exténué me donnait droit au bonheur. »

Compléter les blancs – Hirano – Plaisirsdelire